réaction de Vale
Interview trouvée ici
En occupant la pole-position, vous sembliez idéalement placé pour foncer vers un nouveau titre mondial. Que s’est-il passé au départ ?
Dans ma carrière, les départs n’ont jamais été ma spécialité. Ici, j’occupais la pole-position. Bien sûr, je savais que les Ducati s’élanceraient rapidement, mais je ne pensais pas aborder le premier virage en cinquième position. Je pense que le feu rouge est resté allumé plus longtemps que la normale et, à son extinction, j’ai patiné. Dès cet instant, j’ai su que la course serait difficile.
Vous êtes-vous touché avec Hayden au départ ?
Non. En tout cas, je n’ai rien senti.
On vous a senti immédiatement en difficulté. Confirmez-vous cette impression ?
Dès les premiers tours, j’ai dû en effet me bagarrer très fort. Mais dans cette lutte, en restant derrière les autres (Stoner, en particulier), ma température d’eau est soudain montée à 120° et j’ai perdu de la puissance. Dans le dernier virage, j’étais plus rapide que Stoner, mais je perdais tout dans la ligne droite. Ça m’a obligé à attaquer encore plus. Et c’est pour cette raison que je suis parti à la faute.
Lors du warm-up du matin, avez-vous connu des soucis avec le choix de pneus ?
Toutes les équipes équipées de Michelin ont connu des problèmes sur cette course. Le pneu arrière, en particulier, n’était pas ultra-performant. Concernant l’avant, nous en avons testé un nouveau lors du warm-up, mais nous sommes ensuite revenus à notre choix initial.
Le virage 2, où vous avez chuté, vous avait-il posé des problèmes avant la course ?
Lors des essais, je suis passé au moins quatre cents fois dans cette courbe pour voir comment je pouvais la négocier à la limite. Je n’ai pas encore vu les "datas", mais je suis sûr qu’à cet endroit ma vitesse de passage était identique à celle que j’avais lors des essais. Simplement, j’ai perdu le contrôle de la moto et je n’ai rien pu faire.
La résistance de Stoner a-t-elle contribué à vous faire partir à la faute ?
C’est vrai qu’il me ralentissait et que je voulais le dépasser. Mais il n’est pour rien dans ma chute. Elle est entièrement de ma faute.
Votre moto a-t-elle été endommagée dans la chute ?
Mon guidon a été un peu tordu, la commande d’embrayage, le repose-pieds et le sélecteur de vitesses ont également souffert. Et j’ai terminé la course en ayant mal au bras. Je ne pouvais donc plus piloter au maximum.
Pour autant, vous n’avez jamais renoncé…
J’ai tout donné, en me battant jusqu’au bout. Nicky pouvait faire une erreur et obtenir deux ou trois points aurait alors pu être décisif. Sur cette course comme sur la totalité du Championnat, nous n’avons d’ailleurs jamais baissé les bras. C’est l’une de mes grandes satisfactions cette saison.
Que pensez-vous du sacre de Nicky Hayden ?
Je suis très heureux que ce soit lui le nouveau champion du monde. Dans le tour d’honneur, j’étais ravi de lui serrer la main car il mérite ce titre. Dans ma
hiérarchie personnelle, il était mon favori si quelqu’un d’autre que moi devait gagner le Championnat. C’est un chic type et un grand pilote. Tout en étant adversaires, nous avons su garder le même type de relations que celles que nous avions lorsque nous étions équipiers chez Honda en 2003.
Quelle image garderez-vous de votre lutte avec Hayden cette saison ?
Jusqu’à la dernière course, notre duel est resté loyal. Sur la piste, Nicky donne toujours cent pour cent de lui-même et, en dehors, il ne dit jamais de
méchancetés, pas plus qu’il n’a de mauvaises pensées. C’est un vrai gentleman, comme sa famille. À Estoril, après la course, malgré ce qui est arrivé à Nicky, son père est venu à mon motorhome pour me féliciter.
Que ressentez-vous après ce revers ?
Je n’ai pas pleuré aujourd’hui (dimanche) mais je suis, bien sûr, très triste. C’est un sentiment nouveau pour moi. Je pense toutefois que cette expérience me sera profitable. Elle va nous fortifier, mon team et moi. J’ai gagné sept Championnats… je pouvais me permettre d’en perdre un.